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Communiqué de presse - Le Parlement européen est sous l’attaque de mouvements ultraconservateurs et anti-avortement.

Cette semaine, une large majorité de députés européens a trouvé dans la boîte aux lettres de leur bureau bruxellois, un prospectus anti-avortement et une poupée en forme de fœtus (photo en annexe). Depuis quelques jours, les députés font l’objet de campagnes d’emailing leur rappelant le « droit à la vie ».

Les mouvements ultraconservateurs sont très actifs, très mobilisés et bien financés en Europe. Comme le montrent les études de Niel Data (chercheur et directeur du Forum des parlementaires européens pour les droits sexuels et reproductifs) « 700 millions de dollars ont été dépensés en Europe par des acteurs "anti-genre" et ce n’est que la pointe de l’iceberg. » a- t-il déclaré durant une audience en Commission des Droits des femmes.

À la veille du vote du rapport Matić sur les droits sexuels et reproductifs ce jeudi 24 juin au Parlement européen, les actions de ces mouvements d’extrême droite et de droite ultraconservatrice se sont intensifiées.

Une pétition internationale, sous le nom de « Stop Matić Report » a été lancée par l’organisation anti-avortement Ordo-Iuris, la même à l’œuvre en Pologne et à l’origine du démantèlement de la loi IVG dans ce pays.

Comme en 2013, lors du Rapport Estrela qui avait échoué, le rapport Matić est mis en danger. En effet, après des longs mois de négociation, un accord avait été trouvé entre les principaux groupes du Parlement européen (Les Socialistes, les Verts, la Gauche, les Centristes et les Populaires). Les groupes d’extrême-droite sont même allés jusqu’à demander au Président du Parlement européen le retrait du rapport du vote de la plénière de juin. De plus, à la dernière minute, les Populaires sont sortis de l’accord et ont décidé de proposer un rapport alternatif qui va à l’encontre du compromis trouvé dans le rapport Matić.

« Triste sensation de déjà vu, les groupes de droite conservatrice dont font partie les députés RN, mais aussi le groupe du Parti Populaire Européen (PPE) dont font partie Les Républicains, montrent leur proximité avec ces mouvements traditionalistes et ultraconservateurs qui vont clairement à l’encontre des droits des femmes» estime Irène Tolleret, membre de la Commission des droits des femmes et rapporteur pour le groupe Renew Europe

« Nous sommes accusés de vouloir faire la promotion de l’avortement. C’est archifaux. Comme le disait Simone Veil - l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours - c’est pourquoi dans ce rapport il est question de contraception, d’éducation sexuelle, et de prévention. Il s’agit de donner aux femmes la possibilité de choisir sans mettre en péril leur vie. Un avortement illégal, ça oui, c’est un drame, un drame qui peut amener jusqu’à la mort », poursuit Irène Tolleret.

Des millions de femmes n’ont pas accès à un avortement sûr et légal dans l’Union européenne. Toutes les études montrent que dans les pays où l’avortement est légal et dans ceux où il ne l’est pas, le nombre d’avortements pratiqués est similaire. On estime à 25 millions les avortements réalisés à l’étranger ou dans la clandestinité. « Cela créé bien évidemment des inégalités entre les femmes qui peuvent se permettre financièrement de réaliser un IVG à l’étranger et celles qui sont contraintes de prendre des risques sérieux pour leur santé et privilégier un avortement clandestin » déplore Irène Tolleret.

Par ailleurs, le rapport Matić ne traite pas uniquement de l’avortement mais il est question d’autres points importants visant à améliorer les droits des femmes : lutte contre la précarité menstruelle, procréation assistée pour toutes les femmes, ainsi que la nécessité de réduire la TVA sur les serviettes hygiéniques, aujourd’hui taxées au même niveau que des biens non indispensables.

Annexes

Poupée reçue par Mme Tolleret envoyée par l’association allemande Kaleb-Chemnitz, d’autres députés l’ont reçu par l’association italienne Pro-life. Cela montre la coordination entre ces différents acteurs.

Contact presse : Caterina Avanza +33 6 67 62 54 80